[Concours n°1] Not all who wander are lost

Au final, il aurait peut-être dû tout simplement se la fermer oui. Ne rien dire pour ne pas amplifier la tempête. Mais hélas pour lui, il était trop tard, et les mots qu’il avait employés, étaient loin d’être les bons.  Il avait merdé, et il regrettait amèrement ce qu’il avait fait désormais. Au-delà de la tromperie, il avait osé l’autre côté. Alors qu’il n’avait pu, depuis le début.

Après courte réflexion, il prit la décision de se rhabiller, sentant le malaise et l’impuissance le prendre de plus en plus. Simplement car une fois le bas remis, il peut croiser ce regard embrumé. Par sa faute, son unique, et il le réalisait pleinement. La culpabilité l’envahis, la panique abandonnée, et n’eut que cette envie de tenter de la réconforter. Car au fond, elle ne méritait pas ce qu’il lui arrivait.

Mais ce qui était fait, était fait, et les pots étaient cassés, et la seule chose qui puisse répondre a tout ceci ne fut :

« You’re right… »

Car c’était bien le cas. Il n’y avait rien à expliquer. Et pour lui, la moindre des choses qu’il pouvait lui donner était des réponses.

« Not that long... I mean it’s the second time. »

Marc se rapprocha, doucement, non pas par affront, mais bien dans une tentative de calmer un peu plus les choses. Toutefois, il ne se risqua pas encore à la toucher, simplement frôler doucement son poignet.

« I don’t know how, and I don’t know why… But it happened. I’m sorry … »

Son air laissait bien voir la simple vérité. De son regard qui au final, n’avait toujours pas eut ses propres réponses. À savoir pourquoi ce bar, pourquoi Kay, pourquoi tous ces événements. Il avait simplement oubliés ses questionnements, il les avait mis sous silence, désormais ravivés par la présence de sa copine.

L'impuissance, Marc n'était pas le seul à la ressentir. Comment doit-on réagir lorsque l'on apprend que son copain nous a trompé avec un homme? Comment peut-on espérer faire concurrence, le reconquérir, se sentir proprement jalouse? Il y avait de quoi paniquer, à la fois par colère de la tromperie, et par crainte, par sensation de s'être fait mentir depuis tout ce temps... D'avoir été bernée, en long et en large.

Elle recula d'un pas lorsque Marc s'approcha, mais n'en fit pas plus et le laissa au final se rapprocher. Comme indécise. Toujours dans ce calme plat. Oui, elle avait raison. Il n'y avait pas d'explication à donner. Rien qui pourrait justifier ce geste que Marc avait posé. Un geste d'infidélité ne peut être si facilement expliqué, et elle ne voulait rien entendre qui ne servirait qu'à la calmer et ne serait que pieux mensonge. Elle préférait encore l'honnêteté blessante de Marc et pouvait au moins lui reconnaître cela.

Deux fois.
Elle détourna le regard à ces mots, les larmes envahissant une seconde fois ses yeux et submergeant son regard. Elle porta une main à sa bouche en tournant la tête vers la fenêtre, où l'on ne voyait rien d'autre que la forêt, les sapins saupoudrés de cette neige blanche. Aucune trace de Kay. Mais sa présence se faisait encore sentir, comme un lourd poids dans la pièce, dans le chalet entier.

Des doigts, sur son poignet, la firent réagir au quart de tour. Elle se dégagea et son poing frappa avec force contre le torse de Marc. Autant de force qu'elle pouvait y mettre, enfin. Puis la paume de sa main, à répétition, en un petit défoulement qu'elle estimait pouvoir s'autoriser.

« With a girl, with a girl I could ... picture it ... b-but ... He's a GUY, Marc! »

Elle échappa un sanglot et le frappa une nouvelle fois, mais sans grande énergie, plutôt avec une lassitude, un certain désespoir. Son front alla reposer contre l'épaule de l'homme alors qu'elle pleurait maintenant plus ouvertement.

« What do you want me to do!? How do you think I'm feeling right now?! As if you being sorry can make up for everything! »

Elle ferma les yeux, se recula, les rouvrit. Un homme. Un vrai de vrai homme, même pas un peu effiminé -sauf ses petits pecs-boobs 8D <3 /out/ . S'il y a bien quelque chose de pire que d'apprendre qu'un homme vous trompe, c'est qu'il vous trompe avec un autre homme.

« So you're gay !? How long have you known ?! »

Marc eut toute une surprise, donnant un geste doux, en recevant un et même plusieurs brutaux. Il avait déclenché une bourrasque de violence, de coups. Et il se laissa tout simplement faire. Non pas par soumission, mais bien tout simplement pour la laisser se défouler, qu’il n’avait pas à se défendre car c’était mérité. Il encaissa le tout sans rien dire, n’attendant que le bon moment, cet instant de repos, de faiblesse, osant doucement la toucher, alors que sa tête trouvait appui contre son épaule. Il l’entourait de ses bras, pour la soutenir quelque peu, pour lui faire voir en quelque part, que peut-être, il ne lui avait pas complètement échappé. Qu’il était encore là, malgré sa tromperie. Et il garda le silence, encore une fois car elle avait tout simplement raison, et que de toute manière, il n’y avait rien qu’il puisse dire ou ajouter. Il la laissa repartir, de lorsqu’elle se recula, avec cette question qui étrangement, le bouscula plus qu’il ne l’aurait cru. Cette simple approche, qui lui ouvrir les yeux sur cette chose que jamais ne s’était-il réellement posé. Certainement car il n’avait pas voulu l’affronter, du moins pas encore. Et comme dans un réflexe, parmi son doute et son refus de l’instant, il eut répondu sans plus attendre.

« No. I don’t… Think so. »

Sans plus de détails, sans plus de réponse, car au final, lui-même l’ignorait. Il savait seulement que la véritable réponse aurait été; I don’t know…

Tant de douceur, dans ses gestes, dans sa façon de s'adresser à elle. Réconfortant malgré tout, toujours essayant de rester l'homme qu'elle connaissait, l'homme qu'elle aimait. Et elle pleurait toujours, bousculée par cette douceur en contraste avec la douleur poignante que la trahison lui créait. Elle secoua un peu la tête, se répétant ces simples mots.

« You don't know... »

Il n'était peut-être pas trop tard. Il y avait peut-être espoir.
Se rapprochant une nouvelle fois de Marc, elle se laissa aller tout simplement dans ses bras. Le serrant comme en un geste qui mettait un baume sur sa blessure, profitant de sa présence et sa douceur qu'il s'évertuait à lui donner, malgré qu'elle l'engueule, qu'elle le frappe ... elle avait toutes les raisons du monde, et il se contentait d'encaisser...
Bon dieu qu'elle l'aimait ...

« I ... It's okay, baby, it's okay ... »

Elle s'efforçait de se calmer elle-même, prononçant non seulement ces mots pour Marc mais aussi pour elle; pour se faire croire que tout pourrait s'arranger. Elle glissa une main dans les cheveux de l'homme, les caressant à répétition, son visage dans son cou.

« It's okay, we can, we can get through this ... You don't have to let him mess with your head. We'll get you better. It'll pass... »

Elle recula un peu sa tête, seulement pour le regarder dans les yeux.

«Everything will be alright ... »

Et peut-être étais-ce là sa façon de lui donner son pardon. D'une certaine manière, elle passait l'éponge pour cette fois-ci. Il était difficile pour elle d'accepter l'aventure de son copain, mais il y avait toujours quelque chose à faire. Le ramener sur le droit chemin. Ce n'était qu'un écart à cause de cet homme, c'était sa faute à lui, et elle savait que Marc pouvait encore être sauvé.

« C'est juste une phase et tu vas t'en sortir, I'm sure of it, you don't have to worry baby... You'll be fine again. I'm right here to help you, I promise. »

« I didn't give him AIDS. No need to act as if he's got some kind of disease. »

La femme se retourna vivement, son regard croisant directement celui de Kay. Le visage un peu rougit de froid, des petits flocons blancs dans sa chevelure courte, il se tenait là les mains dans les poches, nonchalement appuyé contre le cadre de porte. Il avait l'air indifférent, mais quelque chose dans ses yeux semblait étrangement froid. Distant; blessé. Ou alors en colère? Probablement un peu des deux. Atteint par les préjugés horribles tout juste prononcés dans son visage.

« Oh, sorry, am I interrupting something? I was getting cold and I ran out of smokes, so I came back. Actually if you don't mind, I'll grab my hot chocolate and go wait in the kitchen ... »

Juste comme ça, il passa devant eux, attrapa sa tasse encore à moitié pleine abandonnée près du feu, et repartit vers la cuisine comme si rien n'était.

Il l’eut repris, de cette même douceur, se permettant pour cette fois, le serrer un peu plus fort, pour la garder contre lui dans une source de réconfort malgré le mal qu’il lui avait fait. Et au final, il semblait bien qu’il avait eu ses raisons d’agir ainsi, pour enfin réussir à la calmer quelque peu. Doucement mais surement, il osait espérer. Mais déjà ses mots le rassuraient un peu…  Jusqu’à ce que le reste ne s’enchaîne.

Et c’est bien en cet instant, qu’elle lui donna une sorte de gifle mentale. Ce qu’il avait craint, ne fit que se montrer brutalement devant lui. La réalité, simplement. Qui lui faisait voir le mal, la maladie, dans ce qu’il avait fait. Non pas dans le geste même, mais dans sa source sans plus ni moins. Elle lui faisait rappeler à sa manière, que ce n’était pas normal, qu’il n’avait pas le droit , de faire ça. Comme s’il eut été dans une mauvaise phase, ou pire, victime d’un cancer. Alors que… Ce n’était pas ça. Sa petit voix qui depuis la première fois, lui avait bien dicté qu’il ne fallait, eut bien vite fait de résonner une nouvelle fois; Told you…

On venait, de lui barrer le chemin, et cet homme avec qui il eut regardé le paysage de cette autre voie, s’éloignait peu à peu de sa vision. Car on le tirait déjà loin de lui, mais il le voyait encore pourtant. Et il ne savait que faire ni quoi dire, prit entre deux, entre ce qu’il avait toujours connu, et ce qu’il ne connaissait aucunement. Marc était sans mot, et préférait ne rien dire, d’autant moins en cet instant alors que Kay avait refait son apparition. Pour aussitôt redisparaître dans la cuisine.

Il ne put offrir qu’une brève caresse contre la mâchoire de sa copine, un baiser contre son front, avant de murmurer simplement : « I think we should go… ». Sans plus attendre, partant vers la cuisine pour faire passer le même message à l’homme, sans plus ni moins, préférant cette fois-ci, se séparer des deux mondes, en quelque sorte. Au moins le temps du voyage, du retour…

Un petit hochement de tête, pour indiquer qu'il avait raison. Car ils devaient vraiment, s'en aller. Quitter cet endroit, source de tant d'émotions, et mettre derrière eux cet événement bouleversant. Elle suivit Marc vers la cuisine, voyant Kay assit sur la table, sa tasse à la main. Il hocha de même la tête à la nouvelle, avalant sa dernière gorgée et posant la tasse sur le table. Il n'y avait rien d'autre à ajouter. Qu'un long regard vers Marc, un regard distant mais pourtant pas dénudé de l'amour qu'il éprouvrait pour l'homme. Rien n'y changerait. Mais il avait peur. Peur de concéder la victoire à la reine. Peur de n'être rien de moins que l'animal, le porteur de cette "maladie" dont il avait supposément commencé à affecter Marc.

Il prit place à l'arrière dans la voiture; préférant laisser la femme s'installer à l'avant avec Marc. Parce qu'elle n'aurait de toute façon pas accepté quoi que ce soit d'autre. Il garda le silence tout le long du voyage, observant tout simplement par la fenêtre. Il aurait voulu hurler. Mais il se taisait.

Il était en train de perdre. Peut-être avait-il déjà perdu.
Si au moins la femme était partie en colère, avait laissé comprendre à Marc que c'était fini ... si elle ne lui avait pas pardonné cet écart, il aurait peut-être encore sa chance.
Mais vu la situation actuelle ... il le pressentait, son chien était mort.
Et il n'aurait qu'à retourner seul dans son petit monde de folie, dans son monde d'extravagence, avec les gens qui y appartenaient.

Le voyage se fit lourd, dans ce silence pesant, jusqu’à temps que Marc en ait marre et se décide à y mettre de la musique. N’importe quoi, quitte à entendre que les voix énervantes des animateurs qui parlaient de Snuggies. C’était déjà mieux que ça.

Il ne put empêcher cet énorme soulagement qu’il eut ressenti une fois arrivé devant l’appartement de Kay, Car en quelque part, une partie de cette tension se verrait peut-être réduite, au final. Malgré qu’il eut sut, que peut-être le pire l’attendait une fois que sa copine et lui, se retrouveraient seuls. Mais pour le moment, une étape à la fois. Il brisa enfin le silence, de quelques mots simplement.

« We won’t be long. »

Petit message de ce fait même, pour lui dire de l’attendre gentiment dans la voiture, agrémenté d’un tout petit sourire, qui se voulait rassurant. Et elle ne devait pas, s’en faire. Ce n’était pas une bonne idée de trop s’attarder, après tout. Pas aujourd’hui, ni demain, ni pour les jours à suivre… Il se contenta de suivre Kay, l’aidant quelque peu avec ses bagages. Il n’y avait pas grand-chose à apporter pour une fin de semaine après tout. Ils montèrent donc, et c’est lorsque Marc se retrouva devant le cadre de porte, que sa bulle éclata enfin. Le vainqueur, sous peu se verrait dévoilé. Son cœur se remis à battre à toute allure, mais il osa malgré tout, se rapprocher de l’homme. Et il l’observait, de son regard intense, et qui lui demandait en quelque part, pardon.

« I don’t believe I’m affected by a dangerous illness. But I don’t know if it’s just a phase. I’m lost Kay. I only think that maybe… I’m not made to be part of this world... All I know is that maybe… It’s better if we forget it. »

Il parlait, mais ne se comprenait pas vraiment lui-même. Ce qui sortait de sa bouche, aurait peut-être été tout autre sous une autre situation. Il aurait voulu que les choses soient autrement, mais gardait cette forte impression que le choix ne lui revenait pas. Encore quelques pas, contradictoires à ses dires, il aurait voulu au moins lui voler un dernier baiser. Au lieu de quoi il se recula, murmurant « I’m sorry… » alors que la fin approchait.

« You’re part of my Wonderland… And you’ll always be… »

Et sans plus s’attarder, en un dernier adieu, il retrouva son chemin sur lequel il eut toujours marché. L’aventure était terminé, la fantaisie, de retour à la réalité. Un dernier regard, un dernier sourire, de dernières paroles.

« Goodbye… »

…Et il eut disparu.

Kay eut tout de même la politesse -ou serais-ce l'arrogance?- de faire un léger signe de tête poli à l'intention de la femme avant de porter l'un de ses sacs sur son épaule et précéder Marc vers son appartement. Il introduisit la clé dans la serrure, ouvrit la porte et se tourna pour faire face à l'homme sans un mot. Parce qu'il savait qu'il n'entrerait pas; qu'ils n'avaient que quelques minutes tout au plus. Laissant ses bagages vers la porte, il planta son regard dans celui de l'homme et attendit l'instant fatal, qu'il sentait venir.

Le coup fit quand même mal. Sans voir l'homosexualité comme une maladie ou quoi que ce soit de contre nature, il avouait malgré tout être perdu dans tout ça et surtout incertain quand à où il se situait dans ces standards définis. Peut-être n'étais-ce qu'une simple phase. Kay refusait d'y croire. Pas avec la passion de leurs ébats, pas avec la nuance dans leurs baisers. Non ... Il y avait plus. Ce n'était pas qu'une petite folie passagère, ce ne pouvait pas l'être!

Il aurait eut envie d'hurler. Le coeur battant, se retenant avec peine d'exploser.
I love you, Marc! I love you! Don't you dare leave me ... Please!
Ses yeux exprimaient une profonde douleur tandis qu'il faisait un pas vers l'avant, seulement pour voir Marc en faire quelques-uns vers l'arrière. Aucun dernier contact. Pas même un baiser. Un frôlement peau contre peau. Rien. Après une nuit de passion et de doux ébats dans le plus intime des contextes ... Il n'avait droit à absolument rien.
Il l'aurait frappé.

I'm sorry.
Right, shut up.

Wonderland ... Right where he belonged. He had lost to the queen. Et restait condamné à son éternelle solitude; parce qu'il était différent.
Il savait dès le début qu'ils venaient de deux mondes complètement différents. Au fil du temps, les différences s'étaient amincies, mais restaient pourtant suffisantes pour les séparer. Il avait eut tort d'espérer. S'il ne s'était pas fait de faux espoirs, il aurait moins mal à l'instant. S'il ne s'était pas attaché comme un con, il n'aurait pas la sensation d'avoir son coeur brisé en mille morceaux. La douleur dans sa poitrine était brutale et innatendue et il lui fallait tout son petit change pour rester impassible.

Il s'imprégna de ce sourire, incapable d'en retourner un, incapable de formuler un seul mot. Il n'aurait réussi qu'à le supplier de rester; et n'aurait que retardé le moment inévitable des adieux. Il détourna le regard. Ne retourna pas le salut. Pas de goodbye. Pas de « Je t'aime ».

Mac n'avait même pas encore tourné le dos qu'il reculait à l'intérieur de son appartement. Son regard dur et froid.
Blessé.
Il ne voulait même pas le voir quitter. Il referma la porte avant.
Calcula suffisamment de temps pour savoir que l'homme était bien parti.

Puis échappa une plainte, un son de souffrance, un son déchirant venant du plus profond du coeur, en frappant son poing contre la porte. Un gémissement qui laissa libre court au reste de ses émotions, ses yeux s'embuant, son poing rencontrant une nouvelle fois la porte.

« Fuck.... FUCK. »

Il appuya son front contre la porte, les yeux fermés, les dents serrées. Ses épaules secouées de soubresauts. Le silence, seul témoin de sa peine et sa souffrance.